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Vers l’autonomie pour la santé

Vers l’autonomie pour la santé

Depuis quelques années, l’autonomie devient à la mode et encore davantage dans le contexte actuel. En tant que cultivatrice et enseignante, je constate un désir d’apprendre à cultiver son potager pour sa santé et son indépendance. 

Mais qu’en est-il vraiment ? Est-ce réaliste de vouloir être autonome ?

 

L’autonomie alimentaire et médicinale

Tout d’abord, expliquons de quoi il s’agit : l’autonomie alimentaire est la capacité à satisfaire ses besoins alimentaires avec ses propres moyens de production. C’est une longue démarche pour moins dépendre des systèmes d’approvisionnement et avoir un meilleur contrôle sur sa santé et la nourriture qui entre dans son corps. Elle peut être au niveau familial, individuel ou encore à l’échelle locale.

L’autonomie médicinale est, quant à elle, la capacité à se soigner soi-même à l’aide des plantes produites par ses propres moyens de production et ses connaissances. Ce qui résume bien ce qu’est l’herboristerie, une médecine complémentaire à la médecine allopathique qui contribue à devenir autonome face au traitement et à la santé.

Donc, les deux vont de pair, car ce que l’on cultive et consomme peut aussi bien nous nourrir que nous soigner. Prenons, par exemple, les herbes aromatiques ou les bouillons de légumes que nous pouvons prendre en début de grippe.

Désir vs réalité 

En premier lieu, selon certaines études, il faudrait environ 1000 à 1500 m2 (1/4 à 1/3 acre) de culture pour nourrir un être humain en se basant sur une production de 1 kg de nourriture par jour et par personne. Donc, nous aurions besoin d’environ 1 acre (200 pi sur 200 pi) pour nourrir une famille de quatre. En ce qui a trait au temps investi, cela représente environ 4 à 5 h de travail quotidien durant le printemps, puis 2 à 3 jours par semaine jusqu’en septembre ou octobre. C’est quand même grand 1 acre à cultiver !

 

En pratique, sur notre ferme, nous réussissons à être autonomes à 40 % avec ¼ acre en permaculture. Nous produisons nos légumes pour l’année. Nous les conservons au congélateur, en conserves et au frais. Nous cultivons des verdures et des germinations à l’intérieur durant l’hiver et produisons aussi certaines légumineuses, quelques fruits, notre viande et nos œufs. Nous avons choisi d’acheter nos grains et farines à des fermes locales, car si l’on veut se suffire en farine, gruau, grains, etc. cela prend des équipements, de la place pour les faire sécher et les faire pousser, et beaucoup de temps. Parfois, nous achetons également des légumes à une ferme locale pour compléter nos récoltes.

De plus, au Québec, nous avons un défi de taille : le climat et la saison estivale plus courte qui en découle. Être autonome à 100 %, on ne se le cachera pas : c’est difficile. En plus d’être exigeant, cela demande des heures de travail. Et l’on ne choisit pas la saison ni la température !

En revanche, si c’est difficile d’être autonome individuellement, cela est beaucoup plus facile en groupe. Comme on dit, on ne peut pas être bon partout ! Notre meilleure force, c’est l’alliance. Alors, chacun peut avoir sa spécialité et en faire profiter les autres !

Pour ce qui est de l’autonomie médicinale, c’est plus aisé, car bon nombre de plantes médicinales sont très faciles à cultiver ou à trouver dans la nature, mais il faut bien se renseigner pour apprendre à les identifier et à les utiliser de manière efficace et sécuritaire. 

Il existe plusieurs avantages de les cultiver :

  • L’assurance que les plantes poussent dans un sol sain et sans produit chimique.
  • L’espace minime nécessaire dans le jardin, car faire des concentrés liquides nécessite de petites quantités de plantes pour se faire des réserves pour l’année.
  • La plupart des plantes médicinales sont de bonnes compagnes de jardin. En effet, elles repoussent efficacement certains insectes ravageurs ou animaux nuisibles et attirent de nombreux insectes pollinisateurs. C’est le cas notamment de la monarde, de la calendula, de la lavande et de la mélisse.
  • D’autres comme l’ortie, la prêle et la consoude peuvent être utilisées comme purin pour le jardin et servir d’engrais peu couteux, à portée de main et puissant.


Pourquoi adopter l’autonomie ?

Premièrement, lorsque vous aurez gouté à vos propres plantes ou légumes, ce sera difficile de revenir en arrière, car les produits que l’on cultive soi-même sont beaucoup plus frais et savoureux. 

Deuxièmement, on prend soin de sa santé, car le jardinage est une bonne activité physique relaxante qui permet de profiter du soleil (et de la pluie) et de vivre un moment en communion avec soi et la nature.

De plus, la satisfaction personnelle que l’on retire quand on subvient à ses besoins est incroyable. Cela fait des dizaines d’années que je fais un jardin et je capote encore chaque fois que je mange ma première carotte ou lorsque je fais ma première récolte d’arnica pour en faire une huile qui guérira nos blessures…. causées par le jardinage ! 

Enfin, cultiver notre jardin, sans pour autant être complètement autonome, nous permet d’avoir la souveraineté sur notre santé et nos aliments. On reprend possession de nos moyens vitaux et l’on a le pouvoir de combler nos besoins essentiels. 

Je sais que bon nombre d’herboristes cultivent déjà leur jardin, mais pour ceux et celles qui hésitent, le meilleur conseil que je peux vous donner c’est d’oser le premier pas.


Article rédigé par :
Églantine Vignon 
Agricultrice, herboriste et aromathérapeute diplômée.